Extrait d’une interview de Robert Whitaker.
Les antipsychotiques bloquent profondément les récepteurs de dopamine. Ils bloquent 70-90% des récepteurs de dopamine dans le cerveau. En retour, le cerveau augmente d’environ 50% ses récepteurs de dopamine. Il essaie de devenir plus sensible.
Donc, en substance, vous créez un déséquilibre dans le système dopaminergique du cerveau. C’est presque comme si, d’une part, vous appuyez à fond sur l’accélérateur — ce sont les récepteurs de dopamine supplémentaires. Et la drogue, c’est le frein qui essaie de bloquer tout ça. Mais si vous relâchez le frein, si vous vous sevrez brusquement de la drogue, vous avez maintenant un système dopaminergique qui est hyperactif. Vous avez trop de récepteurs de dopamine. Et que se passe-t-il? Les personnes qui se sèvrent brutalement de la drogue ont tendance à avoir de graves rechutes.
Voici une étude vraiment très importante sur le sujet : dans les années 1990, des chercheurs de l’université de Pittsburgh ont pris des gens nouvellement diagnostiqués comme schizophrènes, et ils ont commencé à prendre des photos IRM de leurs cerveaux (Gur, 1998). On a donc une photo de leur cerveau au moment du diagnostic, et plusieurs photos au cours des 18 mois suivants pour voir comment ces cerveaux changeaient. Au cours de ces 18 mois, ils se sont vu prescrire des neuroleptiques, et qu’est-ce que les chercheurs ont découvert ? Ils ont rapporté qu’au cours de ces 18 mois, les médicaments ont provoqué un élargissement des ganglions de base, une zone du cerveau qui utilise la dopamine. En d’autres termes, il se crée un changement morphologique visible, un changement de la taille d’une zone du cerveau, et c’est anormal. C’est le premier point. Donc on a un médicament anti-psychotique qui provoque une anomalie dans le cerveau.

Voilà le hic. Ils ont constaté que, à mesure que l’élargissement se produisait, il était associé à une aggravation des symptômes psychotiques, à une aggravation des symptômes négatifs. Vous avez donc ici, avec la technologie moderne, une étude très puissante. En imagerie cérébrale, nous voyons comment un agent extérieur arrive, perturbe la chimie normale, provoque un grossissement anormal des ganglions de base, et que l’élargissement provoque une aggravation des symptômes qu’il est censé traiter. Maintenant, c’est en réalité, en essence, l’histoire d’un processus pathologique — un agent extérieur provoque une anomalie et cause des symptômes…
C’est une découverte stupéfiante et accablante. C’est le genre de recherche après laquelle vous devriez dire: » Oh mon Dieu, nous devrions faire quelque chose de différent. » Mais savez-vous quel financement ces chercheurs ont obtenu après avoir signalé ça ? Ils ont obtenu une bourse pour développer un implant, un implant cérébral qui injecterait des médicaments comme l’haldol en continue ! Une subvention pour développer un implant de diffusion de la drogue, que vous pourriez implanter dans le cerveau des schizophrènes, pour qu’ils n’aient même pas la chance d’échapper à la drogue!
Et personne ne voulait faire face à cet horrible constat qu’un élargissement des ganglions de base provoqué par la drogue est associé à l’aggravation des symptômes. Personne ne voulait faire face au fait que quand on regarde les gens sous médicaments neuroleptiques, on commence à voir un rétrécissement des lobes frontaux [siège principal de la planification consciente, du langage et des mouvements volontaires]. Personne ne voulait parler de ça non plus. Ils ont arrêté cette recherche.
(Les effets secondaires sont-ils dus à une utilisation prolongée de ces médicaments anti-psychotiques?)
… vous récoltez la dyskinésie tardive, un dysfonctionnement cérébral permanent; et l’akathisie, qui est cette incroyable agitation nerveuse. Vous n’êtes jamais à l’aise. Vous voulez vous asseoir mais vous ne pouvez pas vous asseoir. C’est comme si vous rampiez de votre propre peau. Et c’est associé à la violence, au suicide et à toutes sortes de choses horribles.
Source: http://www.thestreetspirit.org/August2005/interview.htm
Bibliographie
Gur R, Maany V, Mozley D, Swanson C, Bilker W, Gur R. Subcortical MRI volumes in Neuroleptic-naive and treated patients with schizophrenia. Am J Psychiatry 1998;155:1711–7. http://psychrights.org/research/digest/nlps/subcorticalMRIVolumes.pdf
C’est abominable! mais que proposer comme traitement? mon fils est sous haldol depuis des années…
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Il faut commencer par avoir une bonne compréhension de l’histoire des neuroleptiques et de leurs effets. Faites lire à votre fils un autre article de Whitaker « l’affaire des médicaments neuroleptiques », et/ou discutez-en avec lui pour savoir ce qu’il en pense. À mesure que vous avancerez tous les deux dans la discussion et la compréhension, vous serez mieux à même de prendre des décisions éclairées.
http://psycha.ru/fr/whitaker/2003/L_affaire_des_medicaments_neuroleptiques.html
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